Valorisation du Patrimoine scientifique et culturel: l’herbier MPU
Un patrimoine unique
Par son ancienneté, et la qualité de son enseignement et de sa recherche, l’Université de Montpellier conserve un patrimoine historique prestigieux tant sur le plan immobilier que mobilier. Au fil des temps, elle n’a cessé d’enrichir ses collections dont une grande partie est classée au titre des monuments historiques.
C’est ainsi qu’au-delà des immeubles qui abritent la Faculté de Médecine et la Faculté de Droit et Science politique, l’Université conserve dans plusieurs lieux des ensembles scientifiques, artistiques et documentaires d’une valeur inestimable.
Ces collections, dont certaines parties sont accessibles au public, nécessitent un effort permanent de maintien en conditions optimales de conservation et de valorisation.
Afin de soutenir les efforts réalisés par l’Université et ses partenaires pour la valorisation et la réhabilitation de ces collections, la Fondation a pour mission de soutenir les initiatives en ce sens, en particulier par la conclusion d’accords de mécénat avec des entreprises privées ou des particuliers particulièrement sensibles aux enjeux du patrimoine.
Le projet Recolnat
L’herbier Montpellier Université est par le volume et la qualité de ses collectionsle 2ème herbier de Franceaprès celui du Muséum national d’Histoire naturelle. Outil de recherche aussi bien qu’outil patrimonial, l’herbier MPU comprend environ3,5 millions d’échantillons de plantesau sens large, mousses et champignons compris. Si les plus anciennes planches de la collection remonteraient à l’herbier de Richer de Belleval (XVIe siècle), les plus récentes sont, elles, contemporaines. Logé sur 6 étages dans une aile de l’institut de botanique, l’herbier MPU se transporte également hors les murs, au travers d’événements de culture scientifique locaux et nationaux auxquels participe le Service du Patrimoine Historique.
Depuis quelques années, le double constat des menaces qui pèsent sur la biodiversité et des lacunes de connaissances en la matière se traduit par un regain d’intérêt pour les énormes réservoirs d’informations sous-exploitées que constituent les collections naturalistes. Cet intérêt s’est matérialisé par la mise en place d’un projet d’envergure nationale de numérisation et de digitalisation des herbiers et collections naturalistes,Recolnat. Ce projet est au cœur de l’action actuelle de l’herbier de Montpellier et fédère les énergies autour d’une volonté commune de pérennisation et de mise à disposition d’un patrimoine d’envergure internationale. L’herbier en tant qu’objet réel n’en reste pas moins une indispensable base de référence dans les disciplines liées à la biologie moléculaire et la génétique comme dans la reconstitution d’environnements anciens, objet qu’il convient de sauvegarder.
Faciliter l’exploitation des masses de données inaccessibles jusque-là que représentent l’ensemble des collections non numérisées des établissements de recherche, d’enseignement ou de conservation français va permettre d’accélérerl’inventaire de la biodiversité mondiale, ainsi que la mise au point et la calibration demodèles prédictifs des modifications des flores et des faunessous l’impact des changements globaux. Premiers acteurs de l’inventaire de la biodiversité, de nombreux muséums et institutions de par le monde ont entrepris l’informatisation de leurs collections. Cependant, faute de moyens suffisants ou de méthodes et outils à la hauteur de cette tâche gigantesque, peu sont aujourd’hui en mesure d’offrir à la communauté scientifique les moyens d’exploiter efficacement les ressources contenues dans ces réservoirs de données.
L’infrastructureReColNatse veut l’outil qui permettra de réunir virtuellement l’ensemble des acteurs capables, ensemble, de rendre disponibles et utiles les informations contenues dans les collections. Cela passe par lacréation d’une banque d’imageset desoutils collaboratifspour l’exploiter. La mise à disposition des images permettra l’accès aux images à l’ensemble de la communauté des systématiciens, professionnels et amateurs.
Les besoins
L’infrastructure Recolnat mobilise des ressources considérables, réparties entre préparation des collections à la numérisation, travail de numérisation et récupération des documents. Toutes ces opérations doivent se faire dans le respect de l’intégrité des planches manipulées, sous contraintes environnementales fortes. Ce sont à ce jour six collaborateurs de l’Université de Montpellier qui alimentent en grande partie un prestataire dédié qui numérisejusqu’à 10000 planches par jour. Ce projet, nécessaire à la diffusion du patrimoine immense de l’herbier, peut cependant avoir un impact négatif sur la collection, en permettant notamment l’introduction d’éléments dangereux pour une collection documentaire ancienne. La diffusion et la valorisation auprès du plus grand nombre de planches à l’intérêt scientifique et historique important reste par ailleurs une mission centrale de l’Université.
Pour plus d’informations:
Lien vers lesite de l’Herbier
Lien vers lesite E-Recolnat
Le conservatoire d’anatomie
Cadre historique
Le Conservatoire d’Anatomie de la Faculté de médecine de l’Université de Montpellier (classé au titre des Monuments Historiques en 2004)est dépositaire d’une collection de momies et de tissus provenant des fouilles d’A Gayet (1896 -1914) à Antinoë. La légende veut qu’Antinoë ait été créée par l’empereur Hadrien en mémoire de son favori Antinoüs mort noyé dans la Nil. C’est à l’époque un des sites les plus importants de l’Egypte romaine et ce jusqu’au règne de Justinien (527-565) date à laquelle la cité perdra son rôle prépondérant dans la Haute Egypte.
C’est au XIXémesiècle, dans le cadre d’une campagne d’Egypte menée par Napoléon Bonaparte que les archéologues redécouvrent Antinoë. Après plusieurs expéditions, menées notamment par le célèbre J.F. Champollion, c’estEmile Guimet, industriel lyonnais, fondateur du musée des Arts de l’Orient, qui réussit à obtenir l’autorisation de faire des fouilles à Antinoë. A. Gayet, lyonnais lui aussi, est alors choisi pour mener cette entreprise. Dès lors, A. Gayet va multiplier les expéditions et effectuer des fouilles importantes extrayant de nombreuses sépultures, des momies et des trousseaux funéraires.
Les multiples objets découverts sont expédiés en France et dispersés tout d’abord dans les musées et ensuite dans plusieurs universités C’est ainsi que l’Université de Montpellier se voit attribuer unensemble important de momies et de textilesprovenant ces fouilles (lettre du directeur de l’enseignement supérieur 1901).
Le conservatoire d’anatomie de L’Université de Montpellier
L’Université de Montpellier, est considérée comme la plus ancienne université en exercice dans le monde occidental. Créée par la bulle du pape Nicolas IV en 1289, elle est célèbre en particulier pour son enseignement de la Médecine qui remonte au XIèmesiècle : l’anatomie ayant eu déjà à cette époque une place privilégiée.
Les collections anatomiques se sont constituées à partir de la fin du XVIIIèmesiècle avec la création d’un conservatoire d’anatomie ayant pour but de réunir des instruments chirurgicaux et des collections anatomiques destinés à l’enseignement.
Ces collections principalement d’anatomie normale, pathologique et comparée ont été très vite enrichies par des achats, des dons mais aussi des travaux d’étudiants. En 1852, une nouvelle aile de la faculté de médecine est construite à la place des remparts de la ville dont le premier étage est entièrement réservé à l’accueil des collections anatomiques.
C’est dans ce conservatoire, véritable lieu pédagogique à l’usage des étudiants jusqu’au milieu du XXèmesiècle que sont installées les objets antinoïtes (momies et textiles)
État des textiles et restauration
La collection copte se situe à l’entrée du conservatoire dans trois espaces d’exposition. Elle comprend plusieurs corps de femmes, d’enfants et d’adolescents desséchés et dans une vitrine particulière un ensemble de31 pièces de tissusprovenant en partie du déshabillage des momies.
Après une étude commandée au Centre de Recherche et de Formation des Musées de France de Marseille (C2RMF), les momies ne semblent pas nécessiter des interventions lourdes mais de simples mesures de conservation. En revanche, l’état des textiles est plus problématique. Entassés depuis plus d’un siècle dans une vitrine, grossièrement pliés ils présentent degraves altérations liés à leur conditionnement: saleté, déchirures, moisissures. Au vu des traces noirâtres et des moisissures constatées, il est probable qu’il y ait une présence de micro-organismes.
A l’appui de ce constat, ilparait aujourd’hui obligatoire de restaurer ces pièces. Il s’agirait d’une restauration à minima : déplier et mettre à plat les textiles, traiter les infestations, combler les lacunes. Par ailleurs, il serait ensuite souhaitable de conserver ces tissus à plat dans des armoires à tiroir.
La collection des momies et des tissus coptes fait l’objet depuis plusieurs années d’une attention particulière : passage au scanner, film «le mystère des momies coptes d’Antinoë» diffusé sur ARTE. La présence de ces pièces dans le conservatoire, témoignage d’une civilisation antique prestigieuse a non seulement un intérêt pédagogique et historique, mais aussi un grand intérêt artistique. Restaurée, cette collection pourrait faire l’objet d’une exposition en relation avec les techniques modernes de tissage telles qu’elles sont pratiquées dans les grands ateliers traditionnels de renom.
L’université de Montpellier a entrepris depuis une dizaine d’année une politique de restauration et de conservation de son patrimoine historique et en particulier de ses collections anatomiques.
A titre d’exemple la magnifique collection de cires du céro-plasticien florentin Felice Fontana (1730-1805) a été entièrement restaurée. L’opération de restauration des tissus coptes conforterait l’Université de Montpellier dans son souci de préserver un patrimoine historique exceptionnel dont l’ensemble est reconnue internationalement.